Les maisons créoles

MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION UTILISÉS DANS L’ARCHITECTURE CAYENNAISE TRADITIONNELLE

Comme on le conçoit aisément l’architecture reflète la culture et le mode de vie des populations concernées. Et dans un même pays on peut comprendre qu’il y ait des nuances voire des différences d’usage, qu’il s’agisse des zones rurales ou des zones urbaines. Cayenne, en tant que Ville-Capitale se doit donc d’avoir ses particularités par rapport au reste de la Guyane. Nous allons donc considérer ici les habitations de Cayenne sous l’angle des matériaux utilisés pour leur réalisation. Et, insister sur les matériaux locaux qui servent à leur édification.
Quels sont les matériaux dont dispose l’architecte dans l’environnement immédiat de Cayenne ?
Les constituants naturels dans cette optique sont :
•    la terre (argile)
•    le sable
•    le bois
Sans oublier les apports étrangers nécessaires : les métaux et le ciment.
Si on s’intéresse à la Terre, soit le sol, la nature de celui-ci détermine l’assise de la construction. Or, pour Cayenne la grande partie de la zone de construction du Centre- ville occupe une aire marécageuse, argileuse où  le sous-bassement des édifices nécessite un empierrement important pour assoir correctement les fondations de la maison dont le rez de chaussée va être surélevé à cause des toujours possibles inondations. Cayenne, donc la Guyane se situant dans une zone géographique très pluvieuse. Au rez de chaussée de la maison, on délaisse peu à peu les parquets en planches pour le carrelage, le plancher sera réservé à l’étage. Portes, planchers et plafonds mais aussi caillebotis seront en bois. Notons une préférence marquée en Guyane pour les battants de porte (ventaux de fenêtres) les poteaux et planches de même que pour les caillebotis des bois locaux, tels le Wacapou, l’Angélique ou le Griffon.

Les murs dont le cadre sera fait de poteaux, le plan lui demandera des briques. De préférences creuses, les tôles qu’en fabriquaient autrefois dans de nombreuses briqueteries des environs de Cayenne, à Césaire, Montabo ou Raban et Bonhomme où subsistent les ruines de ces usines devenus inutiles face à l’invasion des parpaings en agglomérés de ciment qui les ont supplantées. La brique creuse offrant pourtant l’avantage non négligeable d’être mieux adapté à la chaleur qui règne généralement chez nous. On utilisait également pour les séparations intérieures des treillages de gaulette, un bois fibreux habillés de terre glaise dont l’avantage était de garder la fraîcheur dans  l’espace habité.
Ne négligeons pas non plus le rôle des caillebotis, ces ouvertures aménagées au dessus des issues donnant sur l’extérieur autant que celles qui font communiquer entre elles les différentes pièces. Le rôle des caillebottis étant de permettre la ventilation naturelle et la circulation de l’air dans la maison. Les portes et fenêtres donnant sur l’extérieur étaient à double épaisseur. Il y avait vers le dehors, les ventaux en bois plein, puis en dedans  des cadres munies de persiennes dites  aussi « Jalousie martiniquaise » en lamelles de bois, lesquelles de nos jours se voient supplantées par les stores en PVC. Ces jalousies permettaient d’offrir une orientation réglable favorisant l’intimité quand elles sont fermées et, entrouvertes elles permettent sans être vu de voir l’extérieur. Les escaliers étaient l’ouvrage de menuisiers spécialistes. Ces escaliers étaient le plus souvent en bois, de même que les rampes. Les étages étaient souvent ornés coté cour par une « galerie » et, coté rue par un balcon. Galerie et balcon étaient protégés par des balustrades. Les balustres étant au choix en pierre, en bois ou en fer forgé, et, reflétaient par leurs motifs la personnalité, l’originalité du propriétaire.    Souvent, les chambres se trouvaient à l’étage, séparés les unes des autres par des cloisons soit en planches, soit en feuilles de contreplaqué. Ces cloisons n’atteignent jamais le plafond pour permettre la circulation de l’air. Le plafond comportant des poutres apparentées à supporter le plancher de l’étage supérieur, il était parfois muni d’un faux-plafond.

Le grenier lui, avait une fonction importante dans la ventilation du dernier étage, il avait pour but de tempérer la chaleur e permettant la circulation de l’air à ce niveau. Communément à Cayenne, le toit des maisons  qui disposent de grandes avancées ont pour fonction d’éviter l’exposition des murs aux rayons solaire. Notamment en débordant le plus largement possible sur la façade,  le toit complétait l’amortissement de la chaleur.

Dans les maisons anciennes de Cayenne, il n’est pas rare de voir des toits en bardeaux. Ces bardeaux sont des plaquettes de bois, tels le Wapa, ce bois étant choisi pour cause de la propriété qu’il a d’être résineux. C’est pourquoi, l’eau de pluie glissant sur cette résine ne pénètre pas le bois. Aussi, les bardeaux qui formaient la toiture évitaient à l’eau de s’infiltrer et celle-ci glissait vers le bas du toit. D’autres matériaux étaient utilisés pour les toitures, c’était le cas des tuiles en terre cuite, le PVC ou encore malheureusement de plus en plus fréquemment la tôle ondulée, en métal qui envahi la Guyane de toutes parts. Malgré ses inconvénients, la tôle rouille rapidement, elle garde de la chaleur et de ce fait est un mauvais isolant thermique. On pourrait en dire de même pour les agglos Guyanais qui isolent très imparfaitement, à contrario des briques creuses réputées pour être d’excellents isolants thermiques.
On voit à la suite de cet exposé que les matériaux de constructions utilisées pour concevoir les maisons traditionnelles de Cayenne, confèrent à celles-ci les propriétés d’avoir une excellente isolation thermique adaptée au climat guyanais. Ces matériaux offrent encore les possibilités de bénéficier d’une ventilation providentielle due au souffle de l’Alizé qui peut être capté grâce à une orientation adaptée.
C’est tout ce qui fait que la vie dans un tel cadre est aussi agréable dans les maisons traditionnelles de Cayenne.

Ces considérations nous conduisent à penser combien les anciens qui vivaient au plus près de la nature, avaient su s’adapter à leur milieu naturel et mettre à profit de façon pratique leurs connaissances.