Le KWAK qui s’écrit aussi COUAC est un produit du MANIOC. Sa confection était jadis dans la campagne guyanaise l’occasion d’un MAYOURY.
Le MAYOURY est un travail collectif, solidaire et également mutuel. Tout d’abord il faut planter le manioc qui est la racine d’une plante à la tige grêle et noueuse. Le manioc se plante sur l’abattit, espace déboisé, où l’on a abattu les arbres afin de pouvoir cultiver des plantes vivrières et maraîchères. Les arbres abattus sont ébranchés, séchés et brûlés, les cendres servent à enrichir le sol en vue de cultiver les plantes utiles. Pour la mise en terre du manioc, les tiges enfouies sont au préalable coupées en bâtons. C’est ce que l’on appelle le MAYOURY planté. Au cours de cette opération les hommes armés de houes creusent des trous dans la terre et les femmes derrière eux fichent les bâtons en terre. Durant la croissance du manioc il faut un travail constant d’entretien de la plantation pour éviter que les plantes sauvages n’envahissent les jeunes plants de manioc. Quelques mois après c’est la récolte du MANIOC, en l’occurrence l’arrachage des tubercules. Comme souvent l’abattis est à bonne distance de l’habitation. Les tubercules sont transportés soit dans des paniers sur la tête des femmes, soit dans des MOUTETES dit aussi KATOURY DO porté à dos d’homme à l’habitation.
La première opération est le lavage du manioc. Les tubercules sont ensuite épluchés par grattage. Sont utilisées pour se faire, des gragés, planches d’environ un mètre de long hérissées de pointes de métal. A ce stade le manioc est réduit en une poudre bien humide, qu’il va falloir presser pour en extraire le jus. Pour effectuer le pressage de ce manioc râpé on l’introduit dans une KOULEUV, sorte de cylindre creux de vannerie, que l’on va étirer en l’accrochant en hauteur et en lui appliquant au bas une masse qui va exercer une pression sur le manioc emprisonné dans le tube de vannerie qui va ainsi rendre son jus. Lequel sera recueilli dans un récipient placé sous le dispositif. A ce stade le jus du manioc renferme un poison. On le laissera reposer, l’amidon va se déposer au fond de la cuvette et le liquide toxique qui surnage va subir deux traitement différents : une partie sera enterrée profondément et une partie autre bouillie perdra sa toxicité et pourra être utilisée pour la conservation du piment en KAWABIO. L’amidon, lui, donnera le tapioca qui se précipite au fond du récipient sera utilisé pour la confection des SISPAS. Le manioc comprimé sera alors passé au tamis : le MANARE. Autre instrument en vannerie qui sert à calibrer les grains de maniocs plus gros, ils seront destinés au KWAC, cette différence de tailles des grains est obtenue par la dimension variable des trous du MANARE. Les grains plus fins eux servent pour les KASAVS ou les SISPAS. On passe alors à la platine. La platine est un dispositif comportant une plaque circulaire de fonte installé au-dessus d’un foyer destiné à recevoir les sources de chaleur. La farine est étalée sur la plaque de fonte chauffée et à l’aide d’un râteau en bois on l’étale et la brasse pour éviter que le manioc colle au métal. Toute l’eau résiduelle du manioc s’évapore au-dessus de la platine. Au bout d’un certain temps quand le KWAK est jugé bien sec, le travail de la fabrication du KWAK est arrivé à son terme. C’est là que le mot MAYOURY prend tout son sens. Chacun des membres du groupe ayant participé au travail collectif solidaire est récompensé en recevant un sac de KWAC. Et ainsi de suite puisque la fois prochaine tous seront de nouveau réunis autour d’une autre famille.