Commémoration de l’abolition de l’esclavage

Commémoration de l’abolition de l’esclavage

La journée des libertés, place des Chaînes brisées

Le 10 juin, une journée particulièrement riche en évènements et émotions pour tous les guyanais, qui ce jour-là, dans une même communion,  commémorent l’abolition de l’esclavage à travers toute la Guyane. De Cayenne à Saint Laurent, de nombreuses manifestations sont organisées afin de rappeler à tous, une tranche de notre histoire commune.

Un des moments forts de ce 10 juin 2014, a été le dépôt par les descendants d’esclaves et les représentants de l’Etat, de la gerbe de fleurs dans ce lieu chargé d’histoire, le rond-point Adélaïde Tablon à Rémire-Montjoly. Quelle belle image insolite, que ces deux drapeaux  sous le même vent, le drapeau de la République française et le drapeau de la Guyane, pour ne pas oublier un héritage laissé par la volonté d’hommes et de femmes qui ont conduit à la commémoration de cette Journée de la liberté. L’autre évènement marquant de cette journée de la liberté se déroulait sans conteste, au bout du boulevard Jubelin à Cayenne. Lieu vers lequel ont convergé  les cayennais et les cayennaises de tous âges et appartenances. C’est sur le terrain jouxtant cette place que le conseil municipal de la ville de Cayenne, avait érigé le podium qui accueillait les artistes et les associations ayant pris part aux manifestations de cette journée de commémoration, dite “Du souvenir des blessures aux layons de l’espoir“. Pendant que l’artiste Diane Félix s’attelait à la création d’une fresque sur la commémoration de l’abolition de l’esclavage, au bas du podium, le public profitait de la prestation des tambouyens de l’association Tanbou lévé qui se produisaient sur la scène.

C’est devant un public qui avait occupé l’espace entre le podium et la statue des Fers Brisés, que les officiels sont venus s’exprimer tour à tour. L’allocution de Mme le Maire de Cayenne Marie-Laure PHINERA-HORTH, et des officiels, sur ce lieu où a été érigée la sculpture représentant les chaînes brisées, sur le front de mer, fût tout un symbole. Avant de laisser la parole à Monsieur Eric SPITZ, le Préfet de Région, et à Monsieur Alain TienLiong, Président du Conseil Général,  Madame Marie-Laure PHINERA-HORTH s’est adressée à ses administrés en leur rappelant que “l’esclavage, n’est point une spécificité de nos latitudes équatoriales,… et que nous ne devons pas oublier que, dans certaines régions du monde, aujourd’hui encore, des êtres humains vivent dans l’oppression…“, que “…nous nous inscrivons, quelle que soit notre origine et la couleur de notre peau, dans le sillage d’Adélaïde TABLON et de tous ceux qui, comme elles,  ont su lutter pour sauvegarder, dans les fers de l’esclavage…“. Vous trouverez ici en téléchargement l’intégralité de l’allocution de Madame le Maire.

La suite de la manifestation a fait place, entre autre, au conférencier Alexis Tiouka, qui nous a tenu en haleine tout au long de sa narration, en nous apprenant bien de choses intéressantes sur l’héritage de l’esclavage et de la période précoloniale en Guyane, « Relations entre les Amérindiens et les esclaves marrons durant l’esclavage en Guyane et au Suriname ». Sur le podium Justin Deumil, la troupe ADACLAM, Zeliam Rolland, l’association Toe Lobie et Lionel Agarande devaient se partager la scène.

Sur la métropole c’est le 10 mai que la France célèbre la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, instaurée en 2006 par la loi Taubira, Sous nos latitudes c’est la date du 10 juin qui rappelle à notre mémoire collective ces évènements survenus il y a 166 ans. Car si la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme dès 1789 dans son article 1er que “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits“, il a fallut attendre la proclamation du décret du 10 juin 1848 en Guyane, dont Victor Schoelcher a été le grand artisan, pour voir l’application de la loi interdisant l’esclavage. « Citoyens, en vertu du décret de la République du 27 avril 1848, au nom du peuple français, nous proclamons l’abolition de l’esclavage à la Guyane française ». Une aube nouvelle éclaire la Guyane.

Téléchargez ici l’intégralité de l’allocution de Madame le Maire.

Téléchargez ici « Relations entre les Amérindiens et les esclaves marrons durant l’esclavage en Guyane et au Suriname » de Alexis Tiouka