Les origines du Fort Cépérou et de la ville de Cayenne

Les origines du Fort Cépérou et de la ville de Cayenne

Situé sur le Mont Cépérou, un des plus beaux lieux historiques et  panoramiques, monument incontournable de la ville de Cayenne, le Fort Cépérou et la pagode qui le surplombe s’est dégradé au fil des ans. A tel point que la Pagode menaçait  de s’effondrer et le site était devenu dangereux pour les visiteurs.

Ce haut lieu qui surplombe et veille sur la Ville de Cayenne étant classé monument historique, la municipalité, accompagnée par la Direction régionale des affaires culturelles avait entrepris en début d’année 2016, de la réhabiliter à l’identique. Des travaux devenus indispensables pour la sauvegarde et la sécurité des visiteurs de ce site et préserver également les richesses de notre patrimoine historique et culturel. Cette opération à été menée dans le cadre du programme d’actions sur la requalification et la restructuration des espaces publics majeurs du centre-ville de Cayennne.

Lancé officiellement le jeudi 7 Avril 2016 par Marie-Laure PHINERA-HORTH, ce chantier évalué à 80 000 euros, à duré 2 mois. C’est le mercredi 29 juin 2016, que le maire de Cayenne et le directeur de la Drac procédaient ensemble à l’inauguration du monument qui avait fait peau neuve.

Un  petit retour quelques siècles en arrière pour ne pas oublier l’importance  de ce site qui est un site inscrit au titre de l’environnement et l’ensemble est situé dans le périmètre des abord des Monuments Historiques du Centre-ville de Cayenne.

INAUGURATION PAGODE

Il ne reste que quelques vestiges aujourd’hui de ce fortin, qui est à l’origine de la création de la ville de Cayenne vers le milieu du XVIIe siècle.  Un fort qui changera  plusieurs fois de nom au cours de son histoire. D’abord Fort Cépérou, puis Fort Saint Michel et Fort Saint Louis. Sa situation stratégique, avec une vue imprenable sur la mer mais aussi sur l’entrée de la rivière de Cayenne, a permis le développement  progressif de la ville de Cayenne à ses pieds en contribuant à sa protection.

Une histoire que l’on pourrait commencer à écrire dès l’an 1604 avec le capitaine Daniel de La Touche, seigneur de la Ravardière qui a été le premier Français à faire une reconnaissance sérieuse de notre Guyane, qui fut a cette époque appelé France équinoxiale. Peu après, des colonies néerlandaises s’installent sur les estuaires des fleuves Essequibo, Berbice et Demerara entre 1616 et 1626, avant que les britanniques ne s’implantent à l’embouchure du fleuve Suriname en 1630. C’est en 1626 que le Cardinal de Richelieu donna l’impulsion en autorisant la colonisation de la Guyane et qui prend sont essor en 1630 avec l’installation d’une nouvelle colonie sur les rives du Sinnamary sous les ordres de Constant d’Aubigné, avant de confier au capitaine Bontemps le soin de coloniser ces nouveaux territoires avec 1200 français. L’histoire du Fort Cépérou prend forme en 1643 avec le français Charles Poncet de Brétigny de la Compagnie de Rouen, directeur de la compagnie dite du « Cap de Nord », qui rejoint les premiers colons avec un groupe de 400 nouveaux colons.

Celui-ci achète aux indiens Galibis la colline à l’embouchure de la rivière Cayenne et lui donne le nom du chef indien. Le « Mont Cépérou » est né. Un petit village fut bâti sur cette colline au pied du premier fortin qui prit le nom de « Fort Cépérou ». C’est la naissance de la Ville de Cayenne. Charles Poncet de Brétigny a recours aux persécutions et humiliations contre les indiens autochtones qui finissent par se révolter en anéantissant cette colonie de 300 hommes moins d’un an après son arrivée. Il introduit l’esclavage en 1643 et en 1648 il ne reste plus que 25 colons français. En septembre 1652 les « douze seigneurs » de la Compagnie de la France équinoxiale débarquent avec 800 hommes à la pointe du Mahury et y trouvent les survivants de la compagnie de Rouen. A cette époque le fort a été transformé par Jean de Laon, ingénieur du Roi. Il remplacera les fortifications en bois du Fortin par de la pierre et lui donnera le nom de Saint Michel qui fut transformé en bastion afin d’augmenter sa capacité de défense en prévision des attaques des Indiens de l’autre côté de la rivière mais surtout des anglais et des hollandais.

CARTE POST FORT CEPEROUUne ville basse commença à voir le jour sous la protection de cette fortification qui au cours des décennies suivantes va lui permettre de s’étendre et de se peupler. Entre 1654 et 1676, le fort Cépérou sera hollandais, anglais ou français, au gré des conflits qui agitaient alors les puissances sur le vieux continent. Le 18 décembre 1676, les troupes françaises, dirigées par le vice-Amiral d’Estrées, reprennent la ville aux hollandais. Les plans d’une nouvelle enceinte seront élaborés par Vauban, l’ingénieur du Roi, au cours de l’an 1689. En 1701, le fort est ravagé par les flammes au cours d’un incendie qui s’étend jusqu’à la ville composée de cases recouvertes de feuilles de palmier. Les portugais qui occupèrent la Guyane entre 1809 et 1817 détruisent à leur départ tous les systèmes défensifs de l’île de Cayenne. A cette époque le fort ne comprend plus que trois bâtiments délabrés, ses bastions détruits  et les vestiges de l’enceinte de la ville de Cayenne ont été  rasés. Plus tard en 1862 sous le gouverneur Tardy de Montravel, un phare fut construit sur le morne Cépérou. En 1864, le fort était quasi à l’abandon. En 1867, un réservoir est construit sur le Mont Cépérou afin d’accueillir l’eau en provenance du lac du Rorota pour alimenter les quatre fontaines de la ville. C’est durant la première moitié du 20e siècle, qu’une horloge publique installée sur le site donnait l’heure aux cayennais. Le 12 août 1888, la cloche installée sur la Pagode du fort retentit jusqu’à se fendre, durant huit jours consécutifs, lors du grand incendie du quartier Sud-est de Cayenne. Elle est  aujourd’hui exposée au musée de Cayenne.

D’où vient le nom de Cayenne ?

Deux théories se côtoient : La première tirée d’une très belle légende veut que le roi Cépérou, chef des Galibis ait eu un fils du nom de Cayenne. Cayenne, qui aimait passionnément la princesse Bélem, fit appel au sorcier Montabo pour l’aider à conquérir son cœur. Grâce aux bons soins de Montabo, Cayenne pu franchir, monté sur un taureau, une immense rivière aux eaux tumultueuse. Il pu ainsi rejoindre Bélem et l’épouser. Pour le récompenser, le roi Cépérou décida que le village au pied de la colline sur laquelle il vivait s’appellerait Cayenne.

La deuxième fait référence à plus d’origines historiques. Pour Monsieur BOYER, directeur scientifique de l’atlas de la Guyane, l’origine réelle doit plutôt se chercher dans les termes de marine du 17ème siècle. La caïenne était ce réchaud sur lequel se faisait la cuisine pendant le voyage. Lorsqu’après plusieurs mois de mer, le capitaine trouvait un havre accueillant où il décidait de séjourner, son premier souci était de faire « débarquer la caïenne ». Grâce à la chasse et à la pêche, l’équipage pouvait alors améliorer son menu. Dans l’argot des marins, Caïenne a bientôt signifié un lieu où l’on pouvait se reposer des rigueurs de la mer. Par extension, les dépôts de vivre dans les ports se sont appelés Cayenne. Brest, Rochefort ont eu leur cayenne. Aujourd’hui encore dans le compagnonnage les lieux ou sont accueillis et nourris les compagnons du tour de France s’appellent des cayennes.

icone pdfPour en savoir plus téléchargez ici « 17ème siècle Le Fort Cépérou »

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